Vernissage-exposition :
Aux arts, citoyen.ne.s - présences en 2015-2016 :
Écomusée du fier monde (2015, 2016)
Y des femmes - Dawn-RAFH Canada - Maison Parent-Roback (2015)
Fondation Michaelle Jean - Université Carleton (2015)
Centre culturel Simon Bolivar (2015)
Université du Québec à Montréal - Agora Judith Jasmin (2016)
Complexe Desjardins - Atrium (2016)
Description du projet :
« Aux arts, citoyen.ne.s! » est un progamme communautaire de création artistique de femmes1 avec vécu de la violence ici ou ailleurs. Pour la première année de ce programme d'art communautaire, les femmes participantes pourront ainsi personnaliser des mannequins de vitrines commerciales, en vue d'une première exposition le 8 mars 2015 et d'autres expositions jusqu'au 25 novembre 2015 (soit entre la Journée internationale des femmes et la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes). Les mannequins de vitrine commerciale constituent un certain support de communication permettant de passer du corps objet/violenté au corps réparé. Les mannequins choisis seront sans tête, comme les violences n'épargnent toujours aucun milieu (social ou culturel) et puisque les femmes apparaissent encore sans visage dans nos sociétés « démocratiques ».
Niés et méprisés, humiliés et mutilés, harcelés, violentés et marchandés, les corps féminins représentés par ces mannequins garderont leurs jambes, pour pouvoir poursuivre leur longue marche vers l'égalité avec les hommes. Pour que le corps-mannequin des femmes ne soit plus imité au buste ou au tronc, tel un corps figé ou rigide, Aux arts, citoyen.ne.s proposera aux participantes d'écrire, d'habiller, de peindre et de coller sur ces corps-mannequins.
Dans une perspective d'empowement (agentivité), elles seront invitées à personnaliser ces mannequins pour y déposer leur empreinte, pour témoigner de leur expérience, pour livrer leur message et nous faire part de leur vécu : de leur honte, de leurs peurs et souffrances, de leurs déchirures et de ce qu'elles souhaitent reconstruire, réparer et vivre enfin!
Ces mannequins personnalisés en deviendront moins des corps fantasmés, accessibles et inertes, que des corps témoins des violences et des inégalités vécues par les femmes, des corps respectés dans leur diversité et des corps soutenus pour avancer vers un mieux-vivre ensemble, avec les hommes.
Aux arts, citoyen.ne.s constituera alors un espace citoyen et solidaire des femmes aux prises avec une situation passée ou présente de violence. Il donnera aussi à voir un espace de libération individuelle et d'émancipation sociale, vis-à-vis d'une problématique endémique, les violences faites aux femmes.
Un peu d'histoire et d'analyse de la situation :
Qu'il s'agisse de violences organisées contre les femmes (contre les femmes mexicaines, Ciudad Juarez; contre les femmes colombiennes et, plus près d'ici, contre les femmes autochtones canadiennes), ou de violences institutionnelles (politiques, économiques, sociales et scolaires) contre les femmes et les filles parce qu'elles sont filles ou femmes, l'ensemble de ces violences doit être condamné, par tout le monde!
Grâce au développement des études et des actions féministes et à la contribution d'artistes sensibles à la cause, encore majoritairement des femmes, on connaît désormais mieux les violences conjugale et intrafamiliale. Mais d'autres formes de violence ordinaire demeurent méconnues, telles les violences amoureuses et sexuelles vécues par les filles et les femmes, les violences vécues par les femmes handicapées, par les femmes pratiquant le sexe tarifé, par les femmes vivant dans la rue et par les femmes démunies, par les femmes vieillissantes, par les femmes en prison et par bien d'autres femmes dont la situation économique ne laisserait pas présager de violences vécues ̶ répétées ̶ à leur endroit.
Pour n'exclure aucune femme, on parle aujourd'hui de violence de genre, après avoir parlé de « sexisme ordinaire », de « domination masculine » et de « rapports sociaux de sexe ». Mais derrière ces concepts, nous ne nous représentons pas toujours tout ce qui se cache comme réalités vécues par ces violences, inégalités, contraintes et discriminations des filles et des femmes. Le traitement global de ces violences assimilées à des faits divers peut faire en sorte que le harcèlement moral et sexuel au travail apparaît comme étant une rareté et la traite humaine, l'exploitation sexuelle, l'excision, le viol (conjugal parfois), le mariage forcé et le crime d'honneur, comme des situations réservées aux femmes « d'ailleurs », c'est-à-dire aux femmes non-occidentales.
Bien que la liste de ces violences soit longue, le silence est toujours difficile à briser pour ces femmes. Mais mobiliser les arts, collectivement, d'une même voix, ensemble, peut faciliter cette prise de parole et, avec elle, un premier pas de soulagement individuel et de responsabilisation sociale de chacun.e face à ces violences, à ces atteintes portées et perpétrées contre les filles et les femmes de notre société.
Il est temps de réagir, collectivement, en mettant les arts au service d'une meilleure connaissance, d'une plus juste reconnaissance et d'une prise en charge plus responsable de ces violences. Donner la parole aux armes citoyennes, c'est-à-dire donner la parole aux arts citoyens et donner la parole aux citoyennes victimes de violence, constitue un projet individuel et social très porteur de sens. Ainsi pour les femmes concernées, c'est l'occasion d'enfin briser le silence, en prenant appui sur un mouvement collectif visant la libération d'un lourd poids souvent porté depuis trop d'années. Socialement, c'est une façon de mieux faire prendre conscience aux citoyens ordinaires de l'ampleur et de la gravité des violences perpétrées contre les femmes d'ici et d'ailleurs. Il en va d'un mieux vivre-ensemble social et, pour ces femmes, de leur santé relationnelle et de leur mieux-être individuel.
Favoriser la création artistique en musique!
"Aux Armes citoyennes" (Zazie, chanteuse):
http://www.dailymotion.com/video/x4lj50_zazie-aux-armes-citoyennes_music
Extraits choisis :
À celles qu'on opprime pour avoir commis le crime d'aimer
À celles qu'on supprime pour un peu de peau dévoilée
À celles qu'on supprime pour avoir tenté de leur résister (...)
À ceux qui prennent la vie de celles qui donnent la vie
À ceux qui rient de celles qui pleurent (…)
À nous, mes frères, qui laissons faire (…)
Aux hommes que reviennent un peu de raison (...)
Aux hommes qui nous aiment, ensemble, marchons
Et au diable les autres (…)
1Aux arts, citoyen.ne.s est un projet collectif artistique qui a d'abord été conçu pour les femmes avec un vécu de violence, mais qui s'adresse également - et autant - aux hommes avec ce type de vécu. À titre d'organisme communautaire œuvrant auprès des personnes vulnérables sans priorisation des un.e.s ou des autres, le Centre (CReACC-DiversitéS) organise de l'hiver à l'automne 2015 cette activité sociale (pour les personnes vulnérables avec un vécu de violence) et culturelle (qui donnera lieu à des expositions artistiques, dont la première aura lieu le 8 mars 2015 à l'Écomusée du Fier Monde et dont voici le programme de l'événement - D'un œil différent - dans lequel elle s'inscrit) :
http://ecomusee.qc.ca/system/wp-content/uploads/2014/11/Pamphlet_DOD2015_IMPRESSION_final.pdf